Quand la communauté chinoise se révolte
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De nombreux immigrés chinois ont manifesté hier dans le quartier de Belleville, à Paris. La communauté veut dénoncer les persécutions dont elle est victime depuis plusieurs années.
Pour la première fois, la communauté chinoise dit sa colère. Hier après-midi, près de 8500 personnes ont foulé le pavé du boulevard de la Villette, entre Belleville et la Place du colonel Fabien, pour manifester contre les nombreuses violences et persécutions dont elles sont victimes. Slogans sécuritaires, tee-shirt siglé «I Love Belleville» ou drapeau tricolore : de nombreuses familles étaient descendues dans la rue pour manifester leur mécontentement. Tout a dégénéré début juin :
«A la fin d’un mariage chinois, des braqueurs ont dépouillé les invités», a expliqué Huong Tan, porte parole du collectif d’associations franco-chinoises qui se sont groupées autour de l’Association des Chinois résidants en France. Depuis, les actes malveillants se multiplient. Dans une lettre ouverte, les organisateurs dénoncent une «augmentation des violences» commises par des individus de plus en plus jeunes dans le XXème arrondissement.
Jets de projectiles et bagarres
Huong Tan analyse le phénomène : «Beaucoup de Chinois sont sans emploi, sans papiers ou ne maitrisent pas bien le français. Les agresseurs pensent donc que leurs victimes ne porteront pas plainte et agissent avec un sentiment d’impunité.
Par ailleurs, les Chinois ont la réputation d’avoir de l’argent liquide sur eux… Tous ces motifs font de nous des cibles faciles», résume le porte-parole. Outre les
vols et les
braquages, une recrudescence des
violences physiques est à déplorer. En situation irrégulière, des jeunes filles victimes de viols préfèrent garder le silence. Une insécurité et des conflits intercommunautaires qui se sont illustrés lors de cette manifestation qui se voulait pacifiste.
Malheureusement, des rixes ont éclaté à hauteur des rues Louis Bonnet et Moulin Joly avec des jeunes issus d’autres communautés du quartier. En fin d’après-midi, le secteur a été quadrillé par des gendarmes mobiles, policiers en civils et de nombreux véhicules de police, qui ont essuyé des tirs de projectiles. Vers 18h30, des gaz lacrymogènes ont été projetés, forçant la foule à se disperser. Les forces de l’ordre ont procédé à plusieurs interpellations, ce qui a encore attisé les violences. Trois jeunes immigrés chinois ont été embarqués dans des cars de police sous les huées de la foule qui réclamait leur libération. Ayant à nouveau recours aux gaz lacrymogènes, les autorités ont finalement réussi à faire fuir les fauteurs de troubles.
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Que s'est-il passé à Belleville ?
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La manifestation devait rester pacifique, elle a dégénéré. Ils étaient des milliers de Chinois et d’Asiatiques à manifester (8500 selon la police) dimanche après-midi, dans le quartier parisien de Belleville, pour protester contre l’insécurité dont ils se disent victimes. Que s'est-il passé ?
La manifestation: les raisons de la colère
Selon les organisateurs,
il s’agit de la plus importante manifestation de cette communauté jamais organisée en France. Ils protestaient contre l’insécurité dont ils se disent victimes et perpétrés, selon eux, par des groupes de jeunes vivant à Belleville ou dans d’autres quartiers de l’est parisien. «Il y a tout le temps des vols de sac, dans la rue. Des viols, aussi», expliquait une commerçante chinoise. «On est attaqué parce que les Chinois ont souvent du liquide sur eux, on est des cibles faciles», ajoute un habitant. Même pas la moitié vont porter plainte. Surtout à cause de la langue: beaucoup parlent mal français et n’osent pas se rendre au commissariat.»
Florence habite le 19e arrondissement, contigu à Belleville:
«Cela fait des années que ça dure, depuis 2002. J’ai assisté plusieurs fois à des agressions, à des insultes, principalement de maghrébins contre des personnes d’origine chinoise. Trois fois, en 2003, j’ai appelé la police qui a refusé d’intervenir. Ça fait longtemps qu’ils sont au courant mais qu’ils ne font rien. J’ai vraiment la sensation d’une inertie.» Hier, le collectif réclamait «des actions concertées et coordonnées» des autorités pour renforcer la sécurité dans le quartier.
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