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 Sujet du message: Laos: Viandes de grillons
MessagePosté: Jeu Mai 05, 2011 7:55 am 
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Laos: Viandes de grillons

LIBERATION 22/04/2011

L’élevage de ces insectes pourrait faire reculer la malnutrition chronique qui sévit dans le pays. La FAO vient de lancer un ambitieux programme d’encouragement à l’entomoculture.

Au cœur de la capitale laotienne, à quelques minutes en tuk-tuk des rives du Mékong, Thong Dee s’affaire dans son arrière-cour. Cette grand-mère de 60 ans y élève poulets, grillons et champignons. «Les volatiles sont là depuis des années mais cela ne me rapportait pas assez, alors, après avoir vu un spot publicitaire sur une chaîne thaïlandaise vantant les propriétés de l’élevage d’insectes, j’ai acheté quelques œufs de grillons à un ami et me suis lancée. C’était il y a quatre ans. Aujourd’hui, ça me rapporte 300 000 kips par mois.» Soit 30 euros, un peu plus que le salaire moyen mensuel.

Pionnière en la matière, Thong Dee aime à raconter comment elle a traversé le Mékong pour s’initier à l’élevage d’insectes en Thaïlande. Avec un investissement d’à peine quelques milliers de kips, l’activité n’a d’abord été pour elle qu’un passe-temps avant de devenir une source de revenus. Elle a fait construire 12 cylindres en béton d’un mètre de haut et de 1,50 mètre de diamètre. Dans chacun d’eux, elle a déposé ses premiers œufs de grillons domestiques, une coupelle d’eau et un empilement de plaquettes en cartons remplies de sable pour récupérer les œufs de sa deuxième génération. Thong Dee n’a jamais utilisé aucun pesticide. Une moustiquaire et une rigole d’eau lui permettent de lutter contre les fourmis, l’ennemi numéro 1 du grillon.

Depuis, elle passe, jour après jour, nourrir ses nouveaux pensionnaires. «On m’avait conseillé de leur donner des légumes, indique la nouvelle productrice, mais je n’avais pas les moyens de me rendre au marché pour les acheter. Alors je leur ai servi la même nourriture que celle que je donne aux poulets. Ils ont aimé et les générations se sont succédé.» Au Laos, ces histoires restent très rares alors qu’elles peuvent rapporter gros. Un petit coin de terre entre deux maisons suffit à en faire une source de revenus non négligeable… et une ressource alimentaire incontournable.

Frits ou bouillis, en snack ou en plat, avec du riz

En dépit des avancées économiques de ces dernières années, la sécurité alimentaire n’est pas assurée dans ce petit pays montagneux. Au Laos, la surface des terres arables ne dépasse pas 7% et le secteur agricole (qui occupe plus de 85% de la population) reste encore complètement soumis aux aléas climatiques. Qui plus est, la corruption rampante gangrène la décision politique. Néanmoins, le gouvernement a reconnu l’état d’urgence alimentaire.

En décembre 2008, le Premier ministre a lancé une politique nationale de nutrition et fait appel à l’Organisation mondiale pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) afin de mettre en place un «plan national d’actions pour la nutrition et la sécurité alimentaire». «Nous avons alors mené un projet pilote de développement de fermes durables d’insectes pour contribuer à la fois à améliorer le secteur alimentaire et à augmenter le revenu des ménages, explique Serge Verniau, représentant de la FAO au Laos. En collaboration avec le ministère de l’Agriculture du Laos, l’université de Vientiane et l’université d’agriculture thaïlandaise à Khon Kaen, qui connaît bien l’élevage d’insectes, nous avons commencé par faire un état des lieux de la situation ici, tout en planchant sur les qualités nutritionnelles des insectes. En parallèle, nous sommes allés à la rencontre des habitants pour connaître leurs habitudes et les sensibiliser à l’idée.» Finalisé en novembre 2009, le programme né du projet pilote insiste sur la durabilité des systèmes de productions et la promotion auprès des habitants d’une alimentation équilibrée.

«Dans ce contexte, les insectes sont une alternative intéressante à la lutte contre la malnutrition, explique Phouvanh Vonglokham, nutritionniste de la FAO à Vientiane. Plus de 37% de nos enfants de moins de 5 ans souffrent de malnutrition chronique. Leur développement mental et physique en pâtit. Beaucoup souffrent d’anémie et de carences, ce qui les empêche d’aller à l’école.» Or, certains insectes peuvent compter plus de nutriments que les viandes ou les poissons. Ainsi, le grillon domestique (Acheta domesticus) apporte 76 milligrammes de calcium contre 11,4 pour le bœuf et 9,5 mg de fer contre 3,5 pour le bœuf.

L’idée de manger des insectes n’est exotique que pour les Occidentaux. En réalité, le nombre de consommateurs d’insectes dans le monde dépasse celui des non-consommateurs. Plus de 1 700 espèces d’insectes sont consommées en Asie, en Afrique et en Amérique du Sud. Et une étude nationale menée au Laos début 2010 par le professeur Hubert Barennes de l’institut francophone pour la médecine tropicale à Vientiane a montré que les insectes font bel et bien partie du régime alimentaire du pays. Plus de 95% des Laotiens consomment une vingtaine d’espèces, frites ou bouillies, en snack ou comme plat principal avec du riz.

Pour l’instant, grillons, sauterelles, scorpions d’eau, fourmis, araignées et autres arthropodes mangés ici sont artisanalement attrapés dans des nasses en plastique et emprisonnés dans de simples paniers. «L’enjeu, désormais, est de faire passer cette ressource du stade de la cueillette à un stade de production agricole, constate le sociologue Claude Fischler, directeur de recherche au CNRS, spécialiste de l’alimentation. Pour y parvenir, il ne faudra pas seulement tenir compte de la faisabilité technique du processus, mais aussi des ressources économiques, des prix pratiqués, des aspirations, désirs et représentations de la population ainsi que des usages : les insectes produits auront-ils meilleur goût que ceux qui sont aujourd’hui récoltés ?»

Trop frileux, trop gourmands

L’équipe de la FAO chargée de mener à bien le projet pilote s’est penchée avec ses partenaires sur la question des espèces les plus appropriées à l’élevage. «Trop frileux, trop gourmands, trop longs à se développer, les insectes sont des petites bêtes sensibles, pas toujours rentables à élever, explique le docteur Yupa Hanboonsong, responsable entomologiste à l’université de Khon Kaen. Le criquet migrateur a été testé, mais il affiche encore un fort taux de mortalité chez les juvéniles. Nous ne comprenons toujours pas le lien entre les facteurs environnementaux comme le taux d’humidité, la densité de population et la mortalité chez le criquet.» Janvier 2010, quatre espèces étaient finalement sélectionnées pour l’élevage : le grillon domestique, le charançon rouge des palmiers (Rhynchophorus ferrugineus), le ténébrion meunier (Tenebrio molitor) et la fourmi tisserande (Oecophylla smaragdina). Et ce n’est qu’un début !

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